Les jours se suivent, et se ressemblent. Voilà presque trois mois que le cirque était bloqué à Paris, trois mois que son directeur s'enfonçait dans la maladie. La peur grandissait dans le ventre de Bree qui était encore persuadé que le serment qu'elle avait fait liait sa vie à la sienne. Ça expliquait pourquoi elle s'occupait vraiment de lui, elle ne tenait pas particulièrement à lui. Mais, s'occuper de lui depuis presque sept ans avait créer une sorte d'affection mortifère entre eux.  Bree n’avait plus de famille, et elle avait laissé ses amis derrière elle pour qu’il ne leur arrive rien, elle perdait un peu plus de son âme à chaque fois qu’elle devenait la bête des profondeurs qu’elle avait peur d’être, mais qu’un jour, elle serait indéfiniment. Le cirque tournait au ralenti, mais elle était comme obligée de se transformer quand même, une fois par jour pour ne pas perdre la main sur ce don qui devait toujours être ‘parfait’ pour son maître.  Elle avait l’impression de ne plus avoir rien à perdre, Debussy  avait réussi à la convaincre qu’elle n’était rien, qu’elle n’était pas importante et qu’il était le seul à s’occuper d’elle. Ce n’était pas tout à fait le cas, mais elle était le spécimen le plus ancien du cirque, le plus docile, et le plus innocent aussi. Elle croyait presque que Debussy ne faisait que recueillir les âmes en perdition et rejetée.  

Les cheveux humides, ils ondulaient légèrement dès qu’elle sortait de l’eau. Elle n’avait plus aucun soucis avec sa nudité, mais elle se presse quand même pour enfiler le peignoir pour sècher un peu plus vite. Elle avait besoin de se mouvoir dans l’eau sous sa forme de Kelpy pour avoir la sensation de vivre, c’était la seule chose qui lui restait désormais, son don, sa malédiction. Les pas pour retourner à ses maigres quartiers étaient rapide, pour se vêtir de nouveau proprement. Elle devait faire vite, c'était bientôt l'heure du repas, et le maître n'aimait pas attendre, pas du tout. Il avait tendance à être de mauvais poil, et même violent. Une fois cela fait, elle se presse dans la roulotte de Debussy, elle frappe doucement à la prote, le repas préparé par les elfes à la main. En l'absence de réponse, elle entre quand même, le repas dans une main, les médicamments dans l'autre. Elle dépose le tout brusquement sur la petite table quand elle le voit étendu sur le sol. Paniquée, elle se presse vers lui, il respire encore, et gromelle quelque chose qu'elle ne comprend pas. Maigrellette, elle tente de l'aider à se relever en vain, et dépourvue de sa baguette; elle n'est pas capable de grand chose. 'I'll be back.' Le stress la fait toujours parler dans sa langue d'origine, l'anglais teinté d'un accent écossais que l'on n'a plus besoin de présenter. Elle sort à la hâte et tombe sur Cesare, et l'interpelle 'Cesare, please, il est tombé j'ai besoin de ton help !' Bree et le stress, un mélange de langue qu'il faut déchiffrer.