Le bal s’était clos de façon trop rapide, trop définitive et m’avait laissé un gout de trop peu en présence de Gaston. Pour une fois que j’avais pris mon courage à deux mains et m’étais rendu dans un lieu bien trop fréquentés à mon goût j’avais été récompensé par une chute aussi rapide que surprenante. Au fond il nous avait séparés sans mon accord, ce qui m’irritait ! Ses lèvres me manquait et plus encore son sourire et son parfum. Nous n’avions pas pu passer la fin de la soirée ensemble,  Alceste avait rapidement rassemblé « ses filles » comme il aimait nous appeler  pour profiter de notre présence au bordel afin de satisfaire ceux qui n’aurait pas apprécié –comme moi- de ne pas pouvoir profiter d’une soirée entière pour le bal de noël. L’empire des sens fonctionnait à plein régime en période de fin d’année. Certains jeunes sorciers aimait à s’offrir des filles pour fêter la nouvelle année et des sorciers plus âgés oubliait leurs tristesse entre nos bras, tant et si bien que je n’avais pas eu de jour de congé pendant une longue période. Si je n’en montrais rien physiquement, sauf quelques traces d’un Chastel en grande forme,  mon moral en avait pris un coup. Même si nous nous montrions discret,  ne pas pouvoir lui parler à cause d’un manque de temps évident me touchait plus que cela ne le devrait... Nous n’avions fait que nous croiser ce qui me frustrait beaucoup. Surtout qu’un petit paquet caché dans le tiroir de ma table de chevet ne demandait qu’à être offert à la bonne personne. Aujourd’hui était donc mon premier jour de repos depuis le bal et j’avais réussi à m’immiscer dans le départ de deux filles pour le cabaret afin de ne pas partir seule. J’étais donc la seule du trio à porter une tenue quasi normale au-dessous de ma cape de sorcier même si cette tenue n’avait rien de vraiment convenable pour une sorcière de notre époque, sans doute trop décolleté ou trop transparente. Je n’avais de toute façon pas vraiment réfléchi à cela, trop pressé de le revoir et de pouvoir, je l’espérais, passé un peu de temps avec lui. Une liberté de 18 heures jusqu’à 18 heure demain dont je voulais profiter le plus possible. Nous arrivions et je confiais ma cape à l’entrée des artistes et du personnel. Merci les filles bonne soirée. Un dernier sourire pour leur donner aussi du courage, en espérant qu’elle ne tombe pas sur un sorcier aux pratiques douteuses ou trop violentes. Je quittais les coulisses pour rejoindre le bar telle une petite souris avançant uniquement lorsqu’il était de dos pour lui faire la surprise. Je m’installais sur un tabouret de bar et cachais sous ma main le petit paquet avant de prendre la parole.  Bonjour. Puis-je avoir une limonade s'il vous plait? Une commande qu’il ne pouvait que reconnaitre, vu qu’il avait très peu de client consommant ce genre de breuvage. Ceux qui venaient pour le spectacle s’épanchaient avec des alcools plus chics, plus précieux comme le champexplosif et ceux qui venaient profiter des filles avaient souvent un alcool plus puissant dans l’estomac comme le whisky pur feu. Le voir, même de dos me donnait le sourire et je ne pouvais pas m’empêcher de gesticuler sur mon tabouret comme une petite fille impatiente de lire sur ses lèvres.