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naufrage à terre // emile

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✧ Parchemin envoyé Dim 23 Déc - 0:13 ✧


naufrage à terre
๑ emile fronsac et marianne duchannes ๑

He says all the right things, at exactly the right time but his voice isn't the one you're waiting for.

Le bord de mer. Déjà deux semaines que Marianne venait se réfugier ici dès que le week-end pointait le bout de son nez. À peine les portes du sénat magique franchies, elle prenait sa valise préalablement préparée et saluait sa famille qui restait encore dubitative face à son comportement. Ça ne lui ressemblait pas vraiment de quitter autant la capitale pour s'isoler à quelques pas de la plage normande. Marianne, c'était le papillon sociable, le petit rayon de soleil, l'oiseau qui ne parvenait pas à se poser suffisamment longtemps à un même endroit dès qu'on lui donnait la liberté de voler à sa guise. Et le week-end, elle était libre la sorcière. De voir ses amis, de flâner dans les boutiques, d'arpenter les quais de seine, de s'oublier dans un café, un salon de thé. Elle pouvait tester des potions, lire l'avenir à ceux trop curieux qui venaient lui baiser la main pour une vision ou deux quand ils n'avaient pas le courage de demander au patriarche de la famille Duchannes si la petite dernière pouvait leur rendre service. Ça n'était pas elle d'évoluer dans la solitude. Et pourtant, elle disparaissait dans un craquement au milieu de l'allée de graviers chaque vendredi soir pour n'y réapparaître que le dimanche en fin de journée. Un rituel qu'elle s'était imposée elle-même, incapable de trouver le repos dans la ville qui l'avait vue grandir. Le sénat était trop présent, même en dehors de ses heures de travail. Elle croisait ses collègues, passait devant, tombait sur des visages connus. Et il y avait trop de souvenirs dans les rues de la capitale aussi, trop de personnes qu'elle ne voulait pas voir. Que ce soit celui qui la faisait chanter ou le sorcier qui lui avait brisé le coeur une seconde fois. Marianne suffoquait un peu, surtout parce qu'elle ne parvenait pas à se confier à ses deux amies les plus proches. Même quinze jours après : c'était trop tard maintenant, ça n'était plus d'actualité qu'elle se disait. Elle avait loupé le coche, sans doute, de pouvoir dire à ses amies ce qu'elle avait de douloureux en tête. Maintenant, il n'y avait plus qu'elle-même pour s'écouter penser, ruminer, rejouer ce qu'il s'était passé. Et la voyante avait trouvé que l'air marin, le bruit des vagues, le silence de sa maison aidaient. À la mer, elle pouvait parler sans dire un mot. L'eau avalait ses pensées, et elle se plaisait à imaginer que quelque part au fond ses parents l'écoutaient aussi. Que sa mère dans les abysses saurait quoi faire à présent qu'elle avait perdu le contrôle sur sa vie pourtant bien organisée.

Alors naturellement, Marianne passait à nouveau le week-end là-bas. Loin. Jamais encore l'iode n'avait autant aidé à lui panser l'âme, et le cottage de ses parents elle n'y était jamais autant restée. Mais il fallait une première fois à tout, et il avait fallu un trop plein de coups pour qu'une fois à terre Marianne se sente complètement submergée. Il n'y avait plus que dans l'écume des vagues qu'elle voulait se terrer : les sorciers étaient trop éprouvants depuis quelques temps. Seule dans sa maison, la voyante s'était occupée comme à son habitude : doucement mais surement elle venait à bout de la collection de livres de son père et sans son chat Albus cette fois elle avait presque manqué de compagnie. Elle qui pourtant la fuyait en se cachant sur les côtes françaises. Fuyarde, c'était ce qu'elle était Marianne. Elle se dérobait toujours quand elle sentait être sur le point de perdre le contrôle, de lâcher prise. Elle préférait partir qu'affronter les conflits ou que s'infliger une peine qu'elle pouvait sentir venir, c'était pour ça qu'elle était si mal aujourd'hui. Parce que lorsqu'elle s'était défaites de cette armure qu'elle continuait de porter malgré le temps, il lui avait infligé le coup de grâce sans remords... Et la voilà qui ressassait à nouveau ce terrible moment. Las, Marianne se leva de son fauteuil pour attraper son manteau tout aussi rouge que la robe d'hiver qu'elle portait : elle n'était pas venue ici pour se perdre dans ce genre de pensée. Il fallait qu'elle s'occupe et une balade sur la plage semblait toute indiquée, elle qui avait passé la journée à l'intérieur. Enfilant des bottines en cuir (il faisait trop froid maintenant pour fouler le sable pieds nus) elle ferma la porte d'entrée derrière elle et entama la longue descente jusqu'au rivage. Là, le bruit des vagues poussées par le vent était bien plus puissant que chez elle, mais aussi plus distinct. Le grondement qui la berçait la nuit là-haut se transformait en bas en rythme plus lascif. Perdue dans ses pensées, la sorcière marcha longuement sur la plage avant d'apercevoir une silhouette assise sur l'un des rochers qui peuplaient le paysage, comme un rappel que les falaises aussi s'effritaient. Elle s'arrêta dans ses pas, hésitante. Devait-elle continuer au risque de le déranger, d'engager une conversation dont elle ne voulait pas, ou devait-elle plutôt faire demi-tour ? Finalement, dans un soupire elle tenta le diable et continua de s'approcher non sans jeter quelques coups d'oeil au sorcier qui plus elle avançait, plus lui était familier. Sa silhouette écarlate se stoppa une seconde fois lorsqu'elle reconnu agréablement le sorcier qui (semblait-il) lisait : Emile. Emile Fronsac. Surprise de le trouver là, elle marcha dans sa direction avec plus de hâte et non sans un sourire, parce qu'elle avait beau chercher la plénitude Marianne était heureuse de croiser le sorcier qu'elle n'avait pas vu depuis des semaines. Pas assez proches pour se voir en dehors de certaines occasions, Emile restait avant tout un ami de son frère et ce, malgré le et si ? auquel elle n'avait pas donné de chance, se dérobant à sa prise avant qu'il ne soit trop tard. Emile ! l'appela-t-elle une fois qu'elle fut assez proche pour qu'il l'entende. Marianne lui fit un signe de main, parcourant les derniers mètres qui les séparaient sans pouvoir s'empêcher de lui demander un peu fort pour qu'il l'entende malgré le bruit des vagues Qu'est-ce que tu fais là ? curieuse mais enchantée, avant d'enfin arriver à sa hauteur.

15 décembre 1927
Marianne parle en ffcc66
Sa robe : ici.
Son manteau : ici.


๑  A VAINCRE SANS PERIL ON TRIOMPHE SANS GLOIRE ๑



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✧ Parchemin envoyé Dim 30 Déc - 6:06 ✧




Oh, how the mighty falls
How the mighty falls in love
Les festivités qui approchent à grand pas sont loin de t'emballées. C'est sans doutes parce qu'avec les années, la tradition de ta très petite famille sont tranquillement mortes avec... ba les membres de cette dite famille. Ça se résumait souvent à une chasse avec ton père et d'une beuverie ensuite. Un peu une beuverie perpétuelle jusqu'à la nouvelle année. Vraiment rien à célébrer, tu préférais planifier lequel des Chastel tu décapiterais par la suite. Y'avait trop de choix. Même si t'avais ton oeil sur l'arrogante blondasse qui perdait sa vie à dresser des hiboux.

Au moins, dans ses moments dépressifs, y'avais toujours Eugène chez qui tu passais souvent. Qui parsemais tes oreilles de pépites dont il n'avait aucune idée pour le psychopathe que tu savais être. Ils étaient tous aussi cons que des Chastel pour ne pas avoir remarqué comment ton oeil avait roulé sur la belle Marianne, il y avait de cela, déjà trop longtemps. C'est comme ça que le hasard t'avais poussé dans le petit coin perdu de sa Normandie. Comme ça que tu t'étais pris une chambre au petit auberge, assez loin d'où résidait la belle, quand même parce qu'elle allait se perdre loin, seule, c'était pas prudent.

Tant que la menace portait ton nom, tout allait bien. Parce que tu étais un prédateur patient. De ceux qui s'enroulaient dans un foulard toute une après-midi sur un plage assez fraîche en attenant que la proie daigne pointer le bout de son petit nez froid. Les yeux perdus dans un bouquin qui t'intéressais plus ou moins. T'avais trouvé leur maison de campagne, t'assurant de l'avoir bien en vue pour voir quand elle sortirait. Parce qu'elle sortirait, elle ne resterait pas enfermer toute la journée. Et si c'était le cas, tu trouverai un moyen de la voir quand même. Une ruse. Une petit manteau rouge qui s'aventurait à l'extérieur te rassura. Il ne te restait plus qu'à attendre, qu'à lire, essayer de trouver cette poésie morne, un tant soit peu intéressante en attendant qu'elle se rende jusqu'à toi. Du haut de ton rocher, le nez glacé plongé dans cette poésie crade. En bon prédateur, tu attendais qu'elle te trouve, te laissant bercer par l'odeur des larmes de l'océan. Jusqu'à ce que ton nom se brise contre le vent. Tu réprimais ton sourire. Parce que ton nom, dans sa bouche... Bref. Y'avait pas assez d'images dans votre chère langue française pour arriver à capter infiniment ce que ça pouvait te faire. Et l'envie qu'elle recommence, qu'elle perde son joli souffle sur ton nom, dans toutes les intonations dans lesquelles ses cordes vocales pourraient se courbées. Tournant ta tête pour la chercher refermant doucement ton livre, avant de ne laisser ton sourire charmeur couler comme tes yeux la dessinaient enfin.

« Marianne ? » Que tu te surprends avec une fine pointe d'amusement en te levant pour aller la rejoindre, rangeant ton livre dans la poche de ton manteaux. Là où la belle s'arrête, tu t'avances encore pour venir doucement lui faire la bise. Te reculant, un peu, pas trop. Pour bien s'entendre malgré les vagues. « J'évite un peu Paris, c'est l'anniversaire d'un truc auquel je ne préfères pas trop penser avant le solstice. » Que tu lui réponds en cachant ton petit sourire triste, qui n'es qu'à moitié feint, juste assaisonné comme il faut. Ta main glissant doucement sur son bras alors que tu lui demandes. « Et toi, tu fais quoi ici ? » Puis une bonne brise assez froide vous souffle dessus alors que tu vois une bonne occasion de faire le gentleman en te sacrifiant un peu, tu prendrais une potion contre le froid interne lorsque t'aurais retrouvé ta chambre, peut-être pas ce soir, avec un peu de chance... « Oh, t'as pas froid, attend, prend mon foulard. » Que tu lui proposes, l'arrachant déjà, te rapprochant pour entourer la belle dans le tissus, même si tu mets probablement un peu trop de temps et d'attention, à le nouer, libérer sa chevelure du tissus et t'assurer de ne pas trop le serrer autour de sa belle gorge.

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✧ Parchemin envoyé Dim 30 Déc - 17:26 ✧


naufrage à terre
๑ emile fronsac et marianne duchannes ๑

He says all the right things, at exactly the right time but his voice isn't the one you're waiting for.

Emile. Emile, Emile, Emile. Depuis combien d'années maintenant avait-il été présent dans la vie de la jeune sorcière ? Sans doute déjà beaucoup, suffisamment pour qu'elle le considère comme un ami à elle en plus d'être surtout un ami de son cousin et frère Eugène. Les Duchannes étaient une famille compliquée, rafistolée, mais avant tout soudée alors ça n'était pas très étonnant de voir les amis des enfants passer d'un Duchannes à l'autre. Lucien et Amaël avaient beaucoup d'amis communs à vrai dire. Tout comme Juliette et Lucien. Eugène et Marianne, c'était une autre histoire. Ils n'étaient pas très éloignés en âge et avaient tissé une relation aussi fusionnelle que conflictuelle : ils passaient leur temps à se chercher des noises mais entre chaque dispute ou plaisanterie espiègle les temps morts étaient d'une douceur à faire sourire silencieusement les parents Duchannes. Les voir partager des amis était un fait rare, notamment parce qu'Eugène faisait attention à Marianne et que ses amis à lui étaient surtout à son image : bagarreurs, joueurs, charmeurs, épicuriens... de quoi surement l'inquiéter lorsqu'ils se mettaient à vouloir parler à la petite dernière. Mais pas Emile. Emile il était trop bon pour regarder Marianne avec une idée derrière la tête, trop poli, trop charmant, trop bien élevé. Puis il avait déjà tant partagé avec lui : Eugène lui faisait trop confiance pour se douter de quelque chose. Il aurait dû. Mais le mal était déjà fait, de toute façon, et Marianne elle s'avançait le sourire aux lèvres dans la gueule du loup en bon petit chaperon rouge. Si elle savait.

Le vent est glacial en bord de mer et lui fait presque regretté de ne pas avoir de pantalon comme elle sait que Pimprenelle en possède. Marianne c'est une fille de son temps, elle trouve ça étrange d'en porter et se dit plus à l'aise en robe. C'est plus féminin de toute façon et Merlin sait que Marianne l'est sans pour autant en faire toute une histoire. C'est dans son sang, dans son éducation, elle n'y fait même plus attention maintenant et trouve ses réflexes, ses avis normaux alors qu'ils sont le fruit, en fait, d'avoir grandi entre Hariette et Juliette Duchannes : sans doute les deux sorcières les mieux habillées et les plus coquettes de France. Alors elle serre les dents et croise ses bras sous sa poitrine dans une tentative d'y emprisonner un peu de chaleur. Marianne ? Entendre son prénom lui arrache un petit sourire satisfait, alors qu'il se lève pour la saluer plus chaleureusement. Ce qu'Emile avait toujours été avec elle : chaleureux, attentionné. Elle ne le connaissait que sous son plus beau jour et doutait même de l'existence d'un mauvais à ce stade. Marianne se lève un peu sur la pointe de pieds pour lui faire la bise, c'est qu'il est grand le sorcier. Grand et fort, la faute à son métier sans doute : il pouvait la soulever d'un bras, ce qu'il avait déjà fait un été près d'un lac du sud de la France où Eugène l'avait invité quelques jours. Les sorciers avaient pris un malin plaisir à l'y jeter à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'elle ne boive la tasse un peu trop fort et que le jeu s'arrête aussitôt. J'évite un peu Paris, c'est l'anniversaire d'un truc auquel je ne préfères pas trop penser avant le solstice. Oh, c'est vrai. Elle avait oublié. C'était facile de le faire quand on voyait l'homme qu'était Emile : c'était le gentleman parfait, le gendre que les mères voulaient avoir. Eugène ne tarissait pas en éloge sur son ami. Pourtant lui aussi avait une histoire tragique qu'il semblait fuir également. Il avait perdu sa mère en fin d'année. Marianne le comprenait : vouloir s'isoler c'était ce qu'elle faisait toujours dans ce genre de moment et en juillet elle fuyait l'anniversaire du naufrage de ses parents en Normandie. Son sourire se ternit un peu avant de disparaître en voyant celui triste d'Emile. Elle aurait du s'en douter. Quelle sotte. Oh, je suis désolée. qu'elle s'excuse même un peu gênée, sans trop savoir quoi dire à part un murmuré Je comprends. qui prenait racine dans ses propres drames à elle, sa main venant serrer brièvement le bras du sorcier dans une tentative d'être rassurante. Compatissante. D'après ce qu'Eugène lui avait raconté, Emile n'était qu'à peine plus âgé qu'elle quand il avait perdu sa mère : de quoi la rapprocher de son ami sans le savoir. On ne pouvait le comprendre qu'en l'ayant vécu aussi. Et toi, tu fais quoi ici ? qu'il lui dit en venant à son tour serrer son bras délicatement. C'était bizarre, mais Marianne ne fuyait pas le contact d'Emile comme elle aurait fuit celui d'autres sorciers. Elle le savait emplis de bonnes attentions : elle avait confiance en lui, ce qui était tout à fait rare. Et mis à part un écart qu'elle avait fuit il y a de cela quelques temps, Emile s'était toujours montré galant, avenant, innocent de toute idée déplacée. Elle se sent bête tout à coup, d'être venue ici. Ses raisons à elle n'étaient pas aussi justifiées que celles d'Emile et Marianne a envie de se terrer dans sa maison soudainement. Une histoire de coeur tragique, une erreur stupide, une vision qui l'empêchait de dormir, c'était rien comparé au regain de deuil qu'Emile était venu affronter (ou fuir) ici. Ah. Mince. Elle se déteste un peu. Mais il vient sans le savoir à sa rescousse -comme toujours- en changeant brièvement de sujet. Sans doute l'avait-il vu frissonner, ou avait-il remarqué ses lèvres trembler un peu en expirant. Oh, t'as pas froid, attend, prend mon foulard. Elle n'a pas le temps de s'offusquer que non, qu'il devrait le garder pour lui, qu'il allait tomber malade à cause d'elle : il l'enlève déjà de son cou pour le passer autour du sien avec soin. Ça la fait sourire, Marianne, même peut-être rougir un peu d'être si proche du sorcier qui effleure son cou pour y nouer le tissu avec attention, dégageant son visage de ses cheveux bruns. Elle rit même un peu dans un soupire tant il s'applique comme si le simple fait de lui prêter son foulard était devenu une mission de la plus haute importance. Quand c'est fait, elle le remercie dans un sourire. Merci Emile. avant d'enfouir un peu son nez gelé dans le tissu, y inspirant le parfum du sorcier. Il sentait bon Emile. Même ici, il faisait l'effort d'être élégant et Marianne avait toujours apprécié ce soucis du détail chez l'ami de son cousin. Le foulard ne lui donne qu'un tout petit peu plus chaud, parce que le vent s'immisçait surtout le long de ses jambes mais elle aime la petite attention. Ça la changeait des autres sorciers, trop arrogants et trop fiers pour comprendre que prendre soin des autres ça n'était pas une faiblesse. Et ça la fait penser à Basile, fatalement, qui avait encore son foulard en soie jaune à moins qu'il ne l'ait jeté avec les ordures, là où il avait mis le semblant de progrès qu'ils avaient tissé ensemble dans les archives. Et un bout de son coeur aussi. Parce qu'Emile ne l'avait pas traitée comme une moins que rien quand elle lui avait filé d'entre les doigts le jour où ils s'étaient embrassé et qu'elle avait décidé que non elle ne voulait pas. À l'opposé de Basile, qui lui avait tourné le dos comme si elle venait de commettre la pire des trahisons. Emile, il avait compris. Du moins, c'est ce qu'elle continuait à croire. Hm, je suis venue passer le week-end. J'avais besoin de m'aérer l'esprit aussi. dit-elle tout simplement dans un mince sourire. Trop mince pour lui être naturel. Puis elle se tourne vers la maison qu'on voit bien de là où ils se trouvent et la pointe d'un signe de tête. Je suis là bas ! Tu es déjà venu ? qu'elle lui demande dans une nouvelle bourrasque de vent qui soulève ses cheveux mais pas le foulard. Emile avait mis trop de soin à le nouer pour qu'il puisse s'envoler. Elle se retourne vers lui, un petit sourire en coin. Tu lisais quoi ? lui demande-t-elle une lueur espiègle dans le regard. Elle n'avait pas envie de trop parler des raisons qui l'avaient poussée à venir se cacher en Normandie quand d'autres jeunes filles seraient ravies de passer le week-end à Paris. Marianne était de nature trop lumineuse pour ressasser ce qui la faisait souffrir. Elle préfère la légèreté dans l'immédiat et se dit qu'Emile en a besoin aussi. S'il fuyait le rappel douloureux de la disparition de sa mère, ça n'était pas pour qu'elle entretienne l'humeur morose qu'il avait sans doute voulu laisser à Paris. Alors elle vient se pencher vers la poche où il avait enfoui son livre et y glisse sa main pour en sortir son butin, non sans faire quelques pas sur le côté au cas où il viendrait réclamer son dû. Oh, très bon choix ! s'exclame-t-elle en continuant à s'éloigner, joueuse. Je ne te savais pas féru de poésie, mais je suppose que ça te va bien... qu'elle rit et c'était vrai. Ça ne l'étonnait pas, Emile était cultivé après tout. Et Marianne aimait les livres plus qu'elle n'aimait encore les potions.

15 décembre 1927
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✧ Parchemin envoyé Dim 30 Déc - 18:15 ✧




Oh, how the mighty falls
How the mighty falls in love
Elle était cruellement adorable, Marianne. Avec ses grands yeux et la pureté de ses sourires. Une douce fleur à laquelle arracher ses pétales, une à une. En tirant dessus jusqu'à ce qu'elles arrachent ou se déchirent, comme celles d'une rose pâle, comme le faisaient les gamines pour savoir si elles allaient se marier. Sauf qu'elles n'avaient pas à s'inquiéter, leurs pères les marieraient très certainement, tôt ou tard. Même les moins jolies, ce qui n'était pas le cas de la Duchannes. Surtout que ça faisait longtemps qu'elle gravitait dans ta vie. Le naturel c'était installé dans les baisers sur ses joues, un peu trop près des lèvres, mais sans jamais être indécents. Elle c'était presque habitué à tes bras, tes mains sur elle. Pour plaisanter, pour la jeter à l'eau puis frictionner la serviette contre ses épaules, sur le bord du quai, en t'assurant qu'elle allait bien, en déposant un petit baiser furtif sur sa joue. Même sa famille c'était habitué à toi, comme un cousin éloigné qui ne partageais pas leur sang. Eugène t'avais bien invité plusieurs fois à les rejoindre pour les fêtes, sauf que t'avais toujours refusé. Parce que du 28 au 29, t'avais la bonne habitude de t'éclater solidement la gueule. Et les Duchannes n'étaient certainement pas prêts pour ça. Les cuisses de Marianne non plus.

Elle s'excuse, Marianne, d'avoir oublié que ta mère était morte. Tu lui en veux pas. Toi aussi, parfois, t'oublies. Ça fait du bien, quand t'oublies. Comme tu veux l'oublier, là, avec la diversion du foulard. Ça lui fait plaisir, Marianne. Ça ne la sauvera pas des virus sorciers, mais ses petits joues rougissantes s'étirent sous le foulard, comme elle y frotte son nez, comme son odeur y restera. Tu l'écoutes parler, tu la regardes vivre sous tes yeux. Plissant tes yeux vers la cabane que tu connais déjà trop bien, faisant mine de chercher dans tes souvenirs. Même si oui, t'es probablement déjà venu ici avec Eugène. T'étais certainement venu seul, pour trouver l'auberge pas trop loin et prévoir ce week-end ici, en même temps qu'elle. Elle se sentait à l'aise, Marianne, c'était bien, assez pour fouiller dans ta poche et tu la laissais faire, en sortir le livre de poésie dont elle s'amuse.

« Hey oh, mon jardin secret, mademoiselle ! » Que tu fais mine de te plaindre en t'approchant de nouveau d'elle. Glissant dans son dos pour l'enfermer furtivement dans tes bras pour récupérer le bouquins d'entre ses mains. « J'ai une réputation à tenir. Le dis pas à Eugène, il va se foutre de ma gueule. » Que tu plaisantes, même si, c'était pas faux. Si c'était pour charmer des filles, ça allait, mais autrement, ça venait ternir l'image du chasseur. Parce qu'un chasseur de prime, poète, c'était déjà moins effrayant. Tu gardes tes bras là, lui laissant le loisir de se défaire de ton étreinte ou de te laisser la réchauffer un peu, parce que c'est loin d'être désagréable. Sauf que ça non plus, elle n'avait pas le droit de le dire à son frère.

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✧ Parchemin envoyé Dim 30 Déc - 19:59 ✧


naufrage à terre
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He says all the right things, at exactly the right time but his voice isn't the one you're waiting for.

Marianne elle est joueuse. Elle aime bien rire. Elle se complait dans la présence des autres et se nourrit des sourires qu'on lui envoie : en même temps, c'est difficile de ne pas répondre aux siens. Il y en a qui y arrivent, bien sûr, Basile par exemple. Mais cela fait déjà deux semaines qu'elle ne lui a pas adressé un seul regard, et avant ça, un mois. Et encore avant : deux ans. C'était l'exception. La sienne. Le petit point noir qui ne la quittait pas et l'aiguille constamment plantée dans le palpitant qui lui rappelle à chaque battement qu'elle saigne en dedans. Qu'elle ne va pas bien. Que ça lui fait mal. Qu'elle a besoin de la Normandie pour prendre du recul, de la hauteur, réfléchir au bruit des vagues et se perdre dans leur écume. Ici, ça lui fait un peu moins mal. C'est peut-être la distance, qui fait ça, ou la solitude. En tout cas, elle y pense un peu moins. Basile n'était jamais venu ici, peu de gens en fait pouvaient se vanter d'être passé par là parce que Marianne gardait cette maison pour elle toute seule. C'était son jardin secret, son havre de paix, sa petite bulle fragile et pourtant si vitale. Les autres membres de sa famille le savaient, ne venaient pas souvent non plus ici pour lui laisser de l'espace. Ça ne les empêchait pas de parfois y passer quelques jours en bonne compagnie, Marianne ne s'en formalisait pas. Et la pureté de l'endroit qui n'avait pas bougé toutes ces années lui faisait un bien fou. Pourtant, la solitude manquait de rires. Alors croiser Emile, c'est un peu un petit miracle. Tout juste ce qu'elle avait besoin : c'était comme si parfois il savait à l'avance ce qu'il lui fallait. Toujours au bon endroit, au bon moment. Toujours les bons mots, les bonnes attentions. Ça aurait sans doute effrayé quelqu'un d'autre, mais pour une sorcière aussi sociale que Marianne, c'était plus un don que quelque chose d'étrange. Eugène avait le don de la faire sortir de ses gonds, et elle ne s'en inquiétait pas pour autant. Sans doute était-elle trop naïve, trop optimiste, trop idéaliste : elle entend encore Basile le lui dire dans un grondement. Mais à choisir, elle préfère l'être plutôt que se perdre dans la tristesse des pessimistes. Alors elle rigole, ses éclats de rires qui viennent se perdre dans les vagues en contrebas et dans le chant des mouettes. Elle s'éloigne quand elle le sent venir vers elle, l'évite comme elle aurait évité Eugène s'il avait été à sa place. Hey oh, mon jardin secret, mademoiselle ! Ça lui arrache une nouvelle salve d'éclats surpris et satisfaits. Son jardin secret, alors ? Tiens, elle ne savait pas qu'il en avait un. Emile avait l'air de ne pas en avoir besoin, toujours mesuré, mature. Tout le monde devait en avoir surement. C'est un drôle de jardin secret ! qu'elle s'exclame en riant alors qu'elle foule le sable, avant de sentir des bras l'entourer. Et juste comme ça, elle a perdu. Le jeu s'arrête.

Marianne fait mine de se débattre, faisant vivre l'espoir vain de garder le livre entre ses mains comme quand parfois elle se vengeait d'une plaisanterie qui ne l'avait pas fait rire d'Eugène. Elle lui prenait un objet précieux quelconque, courrait dans les couloirs jusqu'à ce qu'il ne la coince dans un coin de pièce et qu'elle n'abdique que lorsqu'il la force à le faire. C'était un peu pareil, ici. Sauf que y'a autre chose dans les bras d'Emile, une tendresse qui ne puise pas ses forces dans un lien comme celui qu'elle entretient avec Eugène. Elle s'en doute peut-être un peu, mais pas assez pour y faire attention. Même, elle, Marianne, elle a le coeur qui bat un peu différemment. Mais ça aussi elle ferme les yeux dessus. Emile était un ami d'Eugène, de la famille, d'elle. Rien de plus. Elle avait déjà mis des barrières autrefois quand ils avaient manqué de trébucher dans autre chose. Le coeur bien trop méfiant, bien trop fuyard. Il l'était sans doute encore plus aujourd'hui à cause des mots cruels de Basile qui l'avaient laissée si non en colère simplement défaite. Désabusée, blasée, perdue, sans rien. Elle n'arrivait pas à être en colère, mais elle ne parvenait pas à être simplement quelque chose. C'était sans doute plus douloureux et plus difficile à soigner que d'être rien face à quelqu'un. Pas triste, pas haineuse, pas revancharde. Elle ne savait pas quelle route prendre pour remonter la pente cette fois. Peut-être que le chemin qu'elle s'efforçait d'emprunter n'était pas le bon, peut-être que ça ne servait à rien de reprendre le même et d'aspirer à des résultats différents. Peut-être qu'il avait eu raison. Une cause perdue. Ouai. Mais là tout de suite, elle ne se sentait pas perdue. Ou du moins, moins qu'avant de croiser le Fronsac. J'ai une réputation à tenir. Le dis pas à Eugène, il va se foutre de ma gueule. Entre ses bras elle rit encore en imaginant son frère, son cousin, se moquer d'Emile et lui réciter sans doute des vers qu'il aura appris pour l'occasion. Eugène faisait rarement les choses à moitié. Et elle ne se défait pas tout de suite de sa prise, parce que ça n'est pas étrange (pas tout à fait) d'être là. Il pourrait embrasser affectueusement le haut de sa tête qu'elle ne broncherait pas Marianne tant Emile s'est frayé un chemin dans ses habitudes. C'était le loup dans la bergerie, il n'y avait pas d'autre mot, mais Marianne en bonne petite brebis n'y voyait que du feu. Si bien qu'elle releva la tête vers Emile, la posant un peu contre son buste, pour lui offrir un sourire angélique. De ceux qui la sortaient d'ennuis d'ordinaire. Je te le promets. qu'elle dit avec tout son sérieux, et sa confiance. Ce n'était pas la première fois qu'ils partageaient un secret, et le premier avait sans doute marqué le début de la fin pour la sorcière. Marianne ne s'en rendait pas compte, mais elle était déjà toute prise dans ses filets. Restait à savoir quand remonter le poisson sans que celui ne parvienne à s'échapper. Encore. Puis elle soupire, le jeu avait été court et elle avait un peu froid, même contre lui. C'était mieux là que toute seule sur la plage, mais ça ne valait pas le feu de cheminée qui brûlait chez elle. Alors Marianne finit par s'écarter (ça n'était pas très bien vu de s'attarder contre un sorcier, et même sans public la Duchannes gardait les réflexes qu'on lui avait inculqué) et s'approcher du rocher sur lequel Emile s'était assis. Elle y prit appuis et laissa traîner son regard sur la mer agitée comme toujours en Décembre avant de reporter son attention sur Emile. Tu n'as pas froid ? qu'elle lui demande, un peu inquiète d'en être la cause. Si c'était le cas, elle lui rendrait surement son foulard ou l'inviterait à prendre le thé, ou le café en haut sur les falaises où sa maison était perchée. Ce serait mal venu de sa part de simplement le laisser mourir de froid. Je t'ai interrompu dans ta lecture, j'espère que ça ne te dérange pas sinon je peux te laisser tu sais. qu'elle finit par dire, même si elle n'en a pas envie. Mais elle comprenait qu'il veuille être seul, surtout s'il était venu ici dans l'idée de s'isoler comme elle l'avait fait avant de se rendre compte qu'elle avait besoin de compagnie. Comme Emile par exemple.

15 décembre 1927
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✧ Parchemin envoyé Mar 1 Jan - 2:14 ✧




Oh, how the mighty falls
How the mighty falls in love
Ce n'était pas de tout repos, d'être un sociopathe. Même si les humains étaient des êtres d'habitudes, ils restaient tous imprévisibles et t'avais bien vite appris à tes dépends, dans tes manipulations, que rien n'était parfait. Il fallait beaucoup de calculs, d'observations, de patience, et souvent aussi c'était de la grosse chance. Même si t'avais calculé le nombre approximatif de jours de solitude qu'il serait bien de lui laisser avant de faire ton apparition. Au moins ça occupait l'esprit, t'empêchais de penser à toutes ses choses qui te donnais envie d'en finir avec le combat qu'était ton existence. T'y avais déjà pensé, au suicide, quand Emma avait découvert que t'étais plus tordu qu'elle pensait, quand ses questions sur Alexandre étaient devenues trop pointues et qu'elle t'avait ouvert le coeur en deux avec ses griffes de harpie. T'avais trouvé le moyen avec lequel tu t'enlèverais la vie. Armé jusqu'aux dents, t'irais visiter les Chastel. Ding-dong, bonjour, hi, Joyeux Noël. Et tu les laisseraient te tué, poignardant tout ceux que tu pouvais dans la maisonnée, sur ton passage. C'était pas ce que maman aurait voulu, mais Maman était morte, elle avait donc pas un putain de mot à dire là-dessus. Ça supplie presque, tout ce poids, quand tu joues avec Marianne. Quand son rire cristallin coupe le vent avec ses sourires. Avec tes bras autour de son corps trop frêle.

Parce que quand elle rigole contre ton torse, c'est plus facile d'oublier que ça fait trois-cent vingt-sept jours que tu n'as pas entrevu le visage d'Emma. Parce que c'est son visage d'ange à elle, qu'elle relève vers le tiens. Que t'as presque envie de la croire avec une sincérité dont tu ne sais pas s'il t'es possible de faire preuve, en seulement. Elle quittes tes bras et tu la laisses se dérober, cette fois. Retrouvant le rocher qui porte ton nom, se perdant un peu sur les vagues avant de te demander si tu as froid. Parce qu'elle, oui. Tu hausses les épaules, t'appuyant sur un rocher près de sien, minimisant la vérité.

« Un peu... » Que tu souffles, avec la désinvolture du type qui n'as pas peur de l'hiver. Parce que tu refuserais catégoriquement de reprendre ton foulard, tout du moins avant de l'avoir raccompagnée chez-elle. Elle s'inquiètes ensuite de te déranger, en gamine polie à qui on à tout bien enseigné. Pas comme son frère. « Oh, je ne demande qu'à me faire déranger par tes soins. C'est le double-tranchant de la fuite. On peut s'enfuir des paysages trop ombrageux, mais notre propre ombre nous suis toujours. Tu vois, je deviens trop profond, me laisses pas me noyer dans la poésie, ou si t'insistes, fait au moins naufrage avec moi. » Que tu baratines. Parce que quelque part, t'imagines que c'est le genre de truc qu'elle aime. Qu'elle bave devant les beaux musclés cultivés. Parce que l'idée de lui lire de la poésie au coin d'un feu, un café à la main, de voir ses yeux briller d'envie que tu lui dessine aussi des poèmes sur la peau, du bout des tes lèvres, c'est loin de te déplaire.

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✧ Parchemin envoyé Mar 1 Jan - 21:11 ✧


naufrage à terre
๑ emile fronsac et marianne duchannes ๑

He says all the right things, at exactly the right time but his voice isn't the one you're waiting for.

Elle l'aime bien Émile. C'est facile, d'être avec lui. Y'a jamais rien qui semble vraiment l'offenser et tout va toujours plus ou moins bien. Même quand ça ne va pas, il ne se braque pas et fait beaucoup trop d'efforts pour rester charmant et agréable. Quand elle y réfléchit, elle ne l'a jamais vu en colère. Avec lui, Marianne ne fait pas un pas de travers, parce que n'importe quel chemin lui va finalement. Il est comme ça. Arrangeant, avenant, attentionné. Et en ce moment Marianne elle a besoin de quelqu'un comme ça, de quelqu'un qui ne complique pas tout d'un regard noir, d'un dos tourné, d'un Alors, arrête. . Comme si c'était facile d'arrêter juste parce qu'on le lui avait demandé, et elle a beau y mettre du sien, elle n'y arrive pas. Des kilomètres la séparent de celui dont la voix résonne encore entre ses tempes pourtant elle n'entend que lui. Tout le temps. Un rien lui rappelle cette nuit bien trop étrange, ou encore le bout de soirée chaotique qui l'avait précédée. Il suffit qu'elle se regarde dans le miroir qu'Emile lui avait offert il y a de cela des années pour qu'elle se sente soudainement de trop. Une cause perdue qu'il avait dit. Ça lui fait encore mal des semaines après, c'est pour dire. Basile avait été trop loin cette-fois ci et Marianne ne savait pas quoi faire. La vérité, c'est qu'il n'y avait rien à faire. C'était trop tard. La page c'est lui qui l'avait enfin tournée et avec, le livre s'était terminé. Maintenant il était question d'en ouvrir un autre : comment, avec qui, où, quand, il y avait trop de d'inconnues pour que la sorcière s'y attèle déjà. Mais l'idée était bien là, plantée par le Montrose. La vie continuait, la voyante se devait d'avancer et de chercher sa place dans un monde qu'elle idéalisait trop mais ça, elle s'en rendrait compte plus tard bien malgré elle. En attendant, elle était venue trouver refuge ici espérant pouvoir y découvrir des réponses aux trop nombreuses questions qu'elle se posait depuis un bon mois. Emile, c'était la cerise sur le gâteau. À trop vouloir s'isoler pour réfléchir et prendre du recul, elle en avait oublié qu'elle se nourrissait des sourires des autres. De leur affection, leur présence, de la profondeur de la relation qu'ils entretenaient. En bon papillon social, Marianne elle venait butiner la vie du plus grand nombre et ça n'était que comme ça qu'elle trouvait l'énergie d'affronter la vie. Qu'en se tournant vers le soleil pour en boire ses rayons même timides : pas étonnant que sa fleur favorite ait toujours été le tournesol. Parfois, elle s'y brûlait à trop vouloir être là. Parfois, elle en prenait trop des éclats de soleil et cherchait l'ombre rassurante des falaises normandes pour respirer un peu ailleurs. Comme là. Mais elle avait besoin de soleil, Marianne, et Emile tombait bien. Il rayonnait toujours un peu lui aussi, d'une lueur plus étrange cependant. Elle était que dans son regard, la lueur : contrôlée, cachée, juste assez pour qu'elle la discerne dans un battement de cils et s'y dirige comme un papillon de nuit vers une lumière trop séduisante. C'est qu'il l'avait charmée un peu la Duchannes, avec ses jolis mots et ses gestes tendres. Elle qui demandait que ça, d'être aimée, il tombait bien.

Un brin nostalgique, l'odeur de la mer qui lui rappelle étrangement l'autre, Marianne s'inquiète soudainement d'avoir gêné le Fronsac. Elle avait le chic pour penser bien faire et tout gâcher, surtout en ce moment, alors comme un animal blessé elle a peur du coup de bâton et assure ses arrières bien qu'un peu trop tard. Au fond, elle espère qu'il voudra d'elle encore un peu. Ça lui fait beaucoup trop de bien d'être sur cette plage avec lui, à rire, se faire des secrets, traîner un peu trop près l'un de l'autre. Eugène n'est pas là pour surprendre Emile trop amical avec la prunelle de ses yeux, en fait, y'a même personne pour les juger. Le sorcier vient s'assoir sur un rocher aussi, sans doute trop loin de Marianne qui regrette être partie trop tôt d'entre ses bras : elle avait besoin de douceur, la sorcière. Et pas celle que sa famille pouvait lui apporter quand parfois elle s'endormait contre l'un de ses frères sur l'une des méridiennes du salon dans lequel ils écoutaient la radio. Un peu... lui répond-t-il enfin, si nonchalant  qu'elle se dit que le un peu est forcément honnête. De toute façon, Emile n'était pas du genre à lui mentir : c'était ce qu'elle croyait dur comme fer. Elle l'idéalisait beaucoup trop, se jetait sans le savoir dans la gueule du loup qu'elle avait déjà laissé entré chez elle. Marianne, Emile l'aurait avec le temps comme une pomme qu'on laisse mûrir avant de venir l'arracher à sa branche. Ni trop tôt, ni trop tard. Ce serait une question de timing, et la voyante était bien placée pour savoir que le temps était quelque chose de capricieux. Oh, je ne demande qu'à me faire déranger par tes soins. C'est le double-tranchant de la fuite. On peut s'enfuir des paysages trop ombrageux, mais notre propre ombre nous suis toujours. Marianne tourne la tête pour l'écouter attentivement. Elle buvait ses paroles et en vérité, les comprenait totalement. À nouveau, le sorcier prouvait qu'il avait toujours les bons mots, au bon moment. Parce que c'était exactement ce qui lui était arrivé à Marianne : à trop vouloir fuir ses problèmes, elle avait finit par les enfermer avec elle entre les murs de sa demeure normande. Si bien qu'il avait fallu qu'elle sorte pour prendre l'air. Pour tomber sur lui. Chanceuse. Tu vois, je deviens trop profond, me laisses pas me noyer dans la poésie, ou si t'insistes, fais au moins naufrage avec moi. L'air sérieux qu'elle avait pris alors que ses paroles lui allaient droit au coeur disparait soudainement pour laisser place à un rire qui lui échappe. Il était dramatique, Emile, et il le faisait exprès pour tourner la discussion vers quelque chose de joyeux alors qu'il n'avait surement pas la tête à sourire. Pourtant, il le faisait, c'était noble de sa part. La petite sorcière se lève alors de son rocher à elle, pour venir s'assoir tout contre Emile sur son rocher à lui. Elle a besoin d'un contact, c'est plus fort qu'elle. Allez, je te suis jusque dans les abysses. continue-t-elle de plaisanter sur la même métaphore que le chasseur de prime. C'est vrai ça, Emile c'était un Fronsac. Beaucoup de gens avaient peur de lui. Et parfois quand elle disait à des yeux trop curieux que le collier qu'elle portait tel jour lui avait été offert par lui, on la croyait qu'à moitié. Elle était un peu privilégiée, et n'avait jamais eu peur de lui. Il n'avait pas à ses yeux la même réputation que le reste de sa famille. Il était trop gentil, Emile. Marianne glisse son bras autour du sien pour le serrer doucement contre elle, y cherchant à la fois un peu de chaleur et un peu de l'affection qui lui manquait. Qu'on lui avait abruptement refusé en piétinant ses morceaux de coeurs de mots assassins. Je vous écoute Monsieur Fronsac. vient-elle dire d'une voix bourgeoise, rien que pour rire. Elle aimait bien la poésie en plus, ça tombait bien. C'était pas une sorcière d'action Marianne, sa nuit au musée l'avait prouvé : elle était plus subtile, préférait éviter d'affronter l'adversité de face et résoudre ce qu'elle pouvait par la force des mots. Ça ne marchait pas toujours, heureusement qu'il y avait eu Basile ce soir là, même si elle avait eu son petit moment de gloire entre l'épaule du Montrose et la statue qui avait bien faillie les surprendre. Le poème qu'a choisi Emile terni un brin son sourire impatient. Il parle d'amour, comme la plus part des poèmes, mais surtout du domaine de l'impossible. De deux vies liées qui ne se croisent jamais. Ainsi nous resterons séparés dans la vie, et nos cœurs et nos corps s'appelleront en vain  sans se joindre jamais en un instant divin... Marianne se pince les lèvres, soudainement triste, les yeux brillants mais rivés sur le livre qu'Emile tient. Ça lui parle sans doute un peu trop, alors elle pose sa tête sur son épaule sans dire un mot qui de toute façon serait resté coincé dans sa gorge. Il ne l'avait sans doute pas fait exprès, de tomber sur celui-là en particulier, mais il est drôlement bien trouvé. Quand il termine, elle reste silencieux un petit instant avant de longuement soupirer. Emile ? qu'elle l'appelle hésitante, alors qu'il est juste là contre elle. T'as déjà eu le coeur brisé ? Est-ce que ça se répare ? qu'elle a envie de rajouter sans le faire. C'était déjà beaucoup ce qu'elle lui demandait. Et elle avait d'autres questions qui lui brûlaient les lèvres, comme par exemple ce qu'il fallait faire pour recoller les morceaux de son palpitant. Et ce qu'il se passerait, s'il lui en manquait deux ou trois. Il avait sans doute la solution, Emile. Il l'avait toujours.

Le poème *

15 décembre 1927
Marianne parle en ffcc66
Sa robe : ici.
Son manteau : ici.


๑  A VAINCRE SANS PERIL ON TRIOMPHE SANS GLOIRE ๑



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✧ Parchemin envoyé Mer 2 Jan - 7:07 ✧




Oh, how the mighty falls
How the mighty falls in love
Tu l'aimes bien, Marianne. Parce qu'elle n'est pas comme ses filles rageuses auquel t'es trop habitué, qui mordent quand tu dis non, mordent quand tu dis oui, mordent pour savourer leur trace de dents dans ta peau. Des putains de guerrières qui préfèrent saigner plutôt que de pleurer, préfèrent pleurer le carmin. T'aimes ça de Marianne, qu'elle soit aussi fragile, vulnérable. Ça quelque chose de grisant, d'avoir son corps, peut-être bientôt son coeur frêle, entre les doigts, de savoir qu'à tout moment, tu pourrais l'écraser, tu pourrais le pétrir, pour le faire tien, pour t'assurer qu'elle, elle ne partirait jamais. Que sa vie tournerait autour de la tienne et que tu lui serais vital. Sauf que tu ne savais pas que pour qu'elle te donne tout, il faudrait que tu te sacrifies aussi, dans la balance. Que tu lui montres tes plaies, que ça devienne un peu vrai, ses manigances, ses manipulations. Il ne suffit pas de la regarder pleurer et murmurer sa rage contre ton miroir pour t'ouvrir son monde. Non, c'était un travail de longue haleine dont tu savourais chaque infime victoire. Peut-être que t'arriverais un jour, à  partir du petit tournesol qu'elle était pour faire d'elle la fiancé de Frankenstein dont t'avais besoin, dont tu rêvais.

Quelque part, les pièces du casse-tête s'alignaient un peu toute seule. Elle était déçue et t'étais là. Tu n'avais pas prévu sa tristesse, même si t'en profitais, même si, t'en aurais été fier. Quelque part, tu te disais que c'était peut-être le destin aussi. Ou peut-être qu'elle était plus maligne que toi. Peut-être qu'elle avait vu, dans votre avenir, ce que même toi, tu n'avais pas prévu. C'est pour ça que tu devais rester vigilent, que tu devais tout contrôler, mener la danse, me pas te laisser à ton tour, dévoré par le petit papillon.

Ce n'était pas de tout repos, mais t'aimais les défis. Chaque rire que tu lui arrachais te rapprochant un peu plus d'elle. Parce que justement, elle se levait pour venir faire naufrage sur ton rocher, sur ta cuisse et tu la réceptionne avec plaisir. Une main sur ses genoux, l'autre dans son dos. Et elle accepte, de te suivre dans les profondeurs de la poésie. Même si tu l'avais avertie, avant de la serrer dans tes bras. Ta main libre cherche un poème au hasard, un poème que t'as pas encore lu.

Ainsi nous resterons séparés dans la vie,
Et nos cœurs et nos corps s'appelleront en vain
Sans se joindre jamais en un instant divin
D'humaine passion d'elle-même assouvie.


Et ta propre voix se ternie un peu, au fil de la lecture, quand tu ressens trop bien les mots qui se dessinent sur tes lèvres. Parce que ce poème parle trop d'une raison pour laquelle tu préfères être loin avant les fêtes. Parce que cette année, t'auras personne. Parce que cette année tu ne pourras pas te faire croire que peut-être, un jour, elle t'aimerait encore. T'ai-t-elle jamais aimé. Marianne pose sa tête sur ton épaule et c'est bien, parce que tu luttes contre les océans qui veulent naître dans tes yeux quand les souvenirs veulent venir te noyer, que tu fermes le livre, le range, l'entoure de tes deux bras, posant ton menton sur le sommet de sa tête quand elle appelle ton nom. Puis sa question, celle qui te demandes de t'ouvrir. Est-ce que t'as déjà eu le coeur brisé ? Est-ce qu'il t'en reste encore un ? C'est là, le moment de vulnérabilité que tu devais lui offrir sans tomber. Tu prenais un moment, pour souffler, pour te stabiliser. Pour cesser de compter le nombre de jours passés sans elle, le nombre de secondes depuis qu'elle s'était volatilisée, en prison, ou tu ne veux même plus savoir où. Quelque part loin de toi.

« Oui... »
Puis, quand nous gagnera le suprême sommeil,
Ils t'enseveliront loin de mon cimetière ;
Nous serons exilés l'un de l'autre en la terre,
Après l'avoir été sous l'éclatant soleil ;

Des marbres différents porteront sur leur lame
Nos noms, nos tristes noms, à jamais désunis,
Et le puissant amour qui brûle dans notre âme,
(ou du moins, encore dans la mienne)

Sans avoir allumé d'autre vie à sa flamme,
Et laissant moins de lui que le moindre des nids,
Tombera dans la nuit des néants infinis.

Et il était là, le triste destin après la fin. Les regrets d'une vie que vous n'auriez jamais. Des enfants que tu ne pourrais jamais avoir, avec personne d'autre. Et tout ce que t'as envie de cracher sur l'amour, tout ce que t'as envie de détruire par vengeance. Et tu entends encore ton coeur se casser. Et sous ta panique, comment tu l'as attachée, pour la garder, parce que tu ne voulais pas vivre sans elle. Parce que sans elle tu ne vivais plus vraiment, tu survivais. Ça fait mal dans ta poitrine, tu serres Marianne plus fort, faisant doucement glisser ses jambes de chaque coté de tes cuisses, qu'elle soit entièrement assise sur toi, que tu puisses enfuir ton nez dans sa crinière quand d'une petite voix tu lui murmures. « Serres-moi s'te plaît... » Parce que ça ne pleures pas, des garçons, jamais, même quand maman et les frères meurent. Jamais.

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✧ Parchemin envoyé Mer 2 Jan - 20:50 ✧


naufrage à terre
๑ emile fronsac et marianne duchannes ๑

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Est-ce que t'as déjà eu le coeur brisé. C'était quoi ça comme question ? C'était stupide mais aussi intrusif, Marianne ne savait même pas s'ils étaient assez proches pour qu'il lui réponde sincèrement. Sans doute que oui. Il faisait partie des meubles Emile, depuis six ans il avait toujours été là : aussi souvent chez elle qu'Eugène pouvait l'être. Est-ce que t'as déjà aimé quelqu'un, toi, Emile ? C'était comment ? T'as pleuré comme j'ai pleuré moi ? Evidemment, il y a d'autres questions dans celle-ci. Chacun des mots renfermait tout un tas d'interrogations que la sorcière se posait depuis deux semaines. De jour comme de nuit, avec l'intéressé juste en face d'elle. Piégée plus que jamais à devoir contempler le désastre qu'était devenu sa vie sentimentale, à être rappelée tous les matins dès huit heures par le grincement de la porte et le bruit de ses pas qui s'approchent qu'il n'y avait plus rien à sauver. Elle n'y arrive pas, cependant, à y croire totalement. Il faut qu'elle arrête, elle le sait, il lui a dit, mais comment. Une part d'elle-même s'y refuse, fait nourrir l'espoir vain que c'était encore rattrapable sans même être sûre de ce qu'elle voulait sauver. Marianne savait juste que ça n'était pas possible, qu'il y avait encore quelque chose à faire. La voyante ne savait cependant pas à qui en parler. Pas à Olympe, pas à Pimprenelle, parce que dès qu'elle voulait aborder le sujet les mots se coinçaient dans sa gorge et refusaient d'en sortir. Ça faisait trop mal de vouloir se confier, alors qu'elle ne savait même pas quoi dire. C'était trop flou encore, et l'épais nuage qui enveloppait Basile l'empêchait de trouver les bons mots pour s'exprimer. Elle a le coeur lourd, mais l'esprit encore un peu optimiste. Marianne préférait vivre dans le déni qu'affronter la vérité qu'il avait pourtant clairement prononcé. Aveugle. Sourde. Amoureuse.

Alors elle le serre, son Emile. Son roc. L'ami de son frère mais aussi secrètement le sien. Elle se laisse même faire quand il la fait basculer sur ses genoux pour lui lire son poème, une position qu'elle n'aurait jamais acceptée chez elle sous les regards des tableaux familiaux, avec la possibilité qu'Eugène arrive sans prévenir, que sa tante débarque soudainement comme elle en avait le don. C'était trop sujet à rapprochement, une jeune femme sur les genoux d'un jeune homme à cette époque à moins d'être en couple, ou surtout fiancé, ce serait mal vu. Pourtant, elle se blottie quand même tout contre lui à l'abris du vent marin et des maux qui troublaient son palpitant. Elle avait besoin de cette tendresse, là, maintenant, et elle avait besoin de lui aussi. Pour qu'il la fasse rire, qu'il lui occupe l'esprit, qu'il délie même peut-être sa langue pour qu'elle puisse enfin se confier. En bon tournesol Marianne avait besoin de se tourner vers un soleil pour fleurir, et là sur cette plage celui qui brillait le plus c'était le Fronsac par sa gentillesse. Elle se cale contre lui qui la maintient d'un bras l'autre cherchant le poème qui finira par lui faire poser la question à laquelle elle attend encore une réponse, pendue à ses lèvres. À la place, il vient la serrer un peu plus fort, la réchauffer tout juste comme elle en a besoin par ce froid hivernal. Puis elle a froid dedans aussi, depuis que l'autre a soufflé sur la petite lueur qui jusqu'ici brûlait toujours pour lui. Maintenant, Marianne elle est dans le noir et elle cherche comment rallumer le tout sans savoir quoi brûler en premier. Emile est silencieux, ça l'inquiète. Peut-être qu'elle n'aurait pas dû lui poser la question après tout. Quelle idiote. Elle commence à s'en vouloir quand enfin il lui souffle sa réponse. Oui...   Tout bas. Oh, Emile... Marianne s'en veut terriblement cette fois. Rien qu'à son ton, elle sait qu'elle vient de lui faire du mal avec sa question, sa curiosité mal placée. Alors la sorcière passe un bras autour de lui pour faire glisser sa main dans une caresse rassurante. Désolée. Elle veut lui demander pardon mais elle a peur de tout gâcher encore une fois, les hommes et leur égo, on l'avait déjà mise en garde. Elle en avait déjà souffert. Donc elle ne fait rien d'autre que d'être là, silencieuse. La voyante lui parle une autre langue, celle de ses doigts qui se pressent sur son bras doucement. Je suis désolée qu'ils lui disent. Je voulais pas. Mais visiblement ça ne lui suffit pas parce qu'elle lui a fait encore plus mal que ça.

Y'a ses mains qui glissent sur ses jambes, sur ses cuisses, et d'abord elle se crispe un peu la Marianne. Elle est pas habituée à ce qu'on la touche comme ça, elle a jamais laissé personne le faire. Trop méfiante pour accepter quelqu'un d'autre dans la forteresse qu'elle s'était construite après Beauxbâtons. Elle frissonne mais pas de froid, y'a que sa robe qui la sépare de ses mains à lui. Puis elle comprend ce que celles-ci lui disent et le laisse la faire basculer une jambe de chaque côté des siennes, ses genoux pliés qui s'écorchent presque sur le rocher qui les soutient. C'est pas la première fois, qu'elle se retrouve comme ça sur un sorcier mais c'est tout comme depuis le temps. Le dernier, c'était Basile : c'était innocent, plein de sentiments, ça les faisait frissonner. C'était tendre, mais c'était du passé. Un passé qui ne valait pas la peine de se battre d'après lui. Là, c'est pas tout à fait pareil. Sous elle, il souffre. Et la position ambigüe passe au second plan, même si Marianne en reste un peu troublée d'être comme ça avec lui. Avec Emile. Elle ne s'y attendait pas et s'étonne de ne pas s'y refuser, peut-être qu'elle en avait envie finalement elle aussi. D'être proche comme ça, avec lui qui plus est. Elle y réfléchira plus tard, d'abord son attention elle doit la lui donner toute entière. Il la serre, fort, très fort, peut-être même un peu trop mais elle n'en dit rien. Il a le droit : Marianne venait de lui faire mal, alors ça n'était jamais que bien mérité. Elle le laisse enfouir son visage contre son cou, se cacher dans ses cheveux bruns que l'air marin fait onduler. C'est peut-être parce qu'elle est assise comme ça sur lui qu'elle frissonne un peu encore quand elle sent son souffle dans sa nuque et ses mains dans son dos qui s'agrippent à son manteau. Ça lui fait quelque chose, elle ne peut pas le nier. Serres-moi s'te plaît... finit-elle enfin par entendre, son coeur se serrant au son de sa voix trop petite pour lui appartenir.

Tout ce que tu voudras. qu'elle lui répond presque immédiatement. Il le mérite bien, après tout ce qu'il a toujours fait pour elle. Alors Marianne le serre avec ses petits bras qu'elle lève pour passer une main dans son dos et l'autre dans sa nuque. Elle sent tout. Son souffle, son buste qui se soulève, ses mains dans son dos, ses cuisses sous elle. Elle jurerait presque entendre son coeur à moins que ça ne soit les vagues qui viennent s'écraser en rythme régulier sur le rivage à quelques mètres d'eux. Ses doigts viennent glisser le long de sa nuque vers la naissance de ses cheveux, elle y enfonce le bout de ses doigts doucement dans des caresses trop tendres pour être anodines. C'est qu'elle se laisse un peu aller la sorcière, après ces semaines à être rejetée coup après coup, à être moquée, menacée, elle en a terriblement besoin elle aussi de ce contact. De se sentir désirée, utile, aimée même peut-être. Emile il l'aime, elle le sait. Mais elle ignore à quel point, et de quelle manière son amour n'est pas normal. Bien sûr qu'elle l'aime aussi Emile, mais pas comme lui. Le bruit des vagues et des oiseaux les berce un moment pendant lequel Marianne n'ose pas parler, les mots n'étant parfois pas nécessaires pour se comprendre. Elle vient déposer un baiser dans les cheveux du sorcier, comme parfois il l'avait fait pour elle, tout en continuant de passer ses doigts dans ces derniers. Puis vient le moment de briser le silence. Je suis désolée Emile. Je voulais pas te blesser. vient-elle lui murmurer à l'oreille, sa joue tout contre lui. Elle le relâche à peine, assez pour inspirer un peu plus librement (elle en aurait presque perdu son souffle à trop vouloir se racheter). Puis Marianne cueille délicatement le visage du sorcier dans sa main libre pour l'éloigner de son cou, son autre main toujours accrochée à sa nuque qu'elle caresse du bout du pouce. Ça ne lui fait même pas bizarre d'avoir ces gestes là avec lui. Elle les avait eu autrefois avec un autre, puis depuis personne ne les avait mérité comme ça. Et ça lui revient naturellement, comme un chanson qu'on oublie pas, qu'on a murmuré longtemps et dont les paroles nous reviennent à mesure que la mélodie reprend. On parle d'un truc plus joyeux ? Elle ne pense même plus à Basile, trop empathique pour se morfondre dans ses problèmes quand en face d'elle y'a Emile qui boit la tasse dans les siens. Elle veut bien s'oublier quelques temps pour l'aider à faire face à ce qui pouvait bien l'avoir poussé à se cacher contre elle, à la prendre sur ses cuisses sans rien dire. Ça ne lui ressemblait pas d'être soudainement si fragile, lui le terrible chasseur de prime. Personne l'avait vu comme ça peut-être. Ça lui faisait terriblement mal au coeur à Marianne. Regarde, le ciel se dégage. qu'elle trouve à dire, cherchant quelque chose de positif à pointer du doigt alors qu'elle lève la tête vers les nuages chassés par le vent. Sa main sur la joue d'Emile glisse le long de son cou pour aller retrouver sa soeur derrière sa nuque. Et Marianne sourit bêtement au petit creux de ciel bleu qui s'ouvre tout là haut. Un bon signe, qu'elle se dit.

15 décembre 1927
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✧ Parchemin envoyé Ven 4 Jan - 8:23 ✧




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Marianne regrette sa question. Tu le sens dans les tréfonds de sa voix. Toi, ça te terrorise de t'ouvrir devant quelqu'un. D'être aussi faible et minable, moins que rien. Mais est-ce que devant elle, c'est si grave ? Est-ce qu'elle te laissera, elle aussi, au pire moment, parce qu'elle a trouvé un truc étrange sur toi, parce qu'un Chastel la veux pour lui tout seul. Non. Marianne n'était pas comme ça. Marianne elle deviendrait peut-être ta reine, si tu jouais bien tes cartes. Au moins elle t'entours de son bras, au moins elle te caresse, elle s'excuse, la voix aussi petite que son corps de gamine entre tes doigts. Ses doigts d'angelot sur ton bras et toutes ses envies qui grouillent dans ton ventre, de la brusquer, de la renverser, d'éteindre sa peine contre sa bouche. Déjà, elle te laisse faire, l'attirer face à toi, pas dans la position la plus chaste qui soit. Y'en a d'autres qui on rebondis sur tes genoux, comme ça, avant elle. Ton nez contre sa gorge sur laquelle se dessine des frissons. Et t'espères que ce ne soit pas de la terreur. Parce qu'elle t'as déjà repoussé, une fois, et qu'il faut pas trop que t'y penses, pour ne pas te retourner le ventre, de déception, de rage qui foutrait en l'air toutes tes années de travail. Tu lui demandes de te serrer et elle collabores, elle acquiesce. Tout ce que tu voudras. T'as un petit sourire contre sa peau.

« Tout ce que je voudrais ? » Que tu souffles contre sa peau, cherchant à retrouver un sourire. « Fait gaffe, j'suis pas le plus raisonnable des hommes. »  Que tu plaisantes en continuant de la serrer, avec un petit rire triste. T'en profites, de ses mèches pour sécher tes yeux. Ses petites mains dans ton dos et ta nuque. Elle sent bon, Marianne. C'est beaucoup trop agréable, quand elle caresse la naissance de tes cheveux, que tu fermes les yeux en soupirant un peu. Vous passez un long moment, avant qu'elle ne pose un baiser sur ta tête. Oh Marianne. Tu tombes un peu, un peu plus que tu ne l'aurais cru possible, pour elle. Tu tombes doucement, mais tu tombes quand même. Elle s'excuses de t'avoir fait tomber. Et toi, tu cherche à la rassurer, desserrant doucement ton étreinte, sans la lâcher.

« Ne le sois pas, c'est pas ta faute, Marianne...» Que tu lui murmures avant qu'elle ne fasse de ton visage, son prisonnier. La petite caresse de son pouce contre ta nuque et ton visage qui fait face au sien, ton regard qui court un instant sur ses lèvres, assez pour foutre le bordel à ton ventre. Oh, Marianne. Tu t'en mords les lèvres, détournes les yeux avant de faire une connerie, hoche positivement de la tête quand elle propose de parler d'un truc plus joyeux. T'obéis, regarde le ciel un moment, puis retourne vers ses yeux, il est plus beau là, dans le reflet de ses prunelles. Ses mains derrière ta nuque, le tienne allant doucement frictionner son dos.

« Oui, mais il fait toujours froid. Tu frissonnais tout à l'heure. On rentre prendre une bonne tasse de thé ? Ça réchauffe les coeurs, ça, que ma mère disait. J'peux t'inviter à mon auberge, mais faudra vraiment rien dire à Eugène, il va y croire moyen qu'on a bu du thé dans mon lit. » Que tu plaisantes. Parce que t'as un petit bureau avec une unique siège et un rebord de fenêtre sur lequel elle pourrait tout de même tenir en équilibre sur tes genoux. « Et secrètement, même si je ne veux pas m'imposer, je meurs d'envie de découvrir ton petit havre. J'te montrerais mon lit demain, en échange. Enfin, ma chambre, mais y'a surtout qu'un lit qui prend la plupart de la pièce. Mais le petit coin lecture et la jolie vue, t'aimeras bien je crois. » T'as presque envie d'ambitionner, de lui offrir de faire une pyjama party avec toi. Elle te rend vraiment la tâche difficile, pour prendre ton temps, pour être raisonnable. T'as envie de sauter les étapes avec Marianne, la dévorer toute ronde, même si tu prends un malin plaisir à la chasser, la charmer.

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✧ Parchemin envoyé Ven 4 Jan - 21:17 ✧


naufrage à terre
๑ emile fronsac et marianne duchannes ๑

He says all the right things, at exactly the right time but his voice isn't the one you're waiting for.

Elle a le cou tendu vers les cieux. La gorge déployée sans avoir peur que le loup sous elle déguisé en agneau ne vienne l'y mordre. Pourtant, elle devrait s'inquiéter Marianne. Elle est vulnérable. Trop vulnérable depuis que Basile lui a brisé et le coeur et le mur qui l'entourait. Elle ne réfléchit plus autant qu'avant, elle a le coeur au bord des lèvres qui demande qu'à être cueilli, elle a les mains qui cherchent le contact qu'il n'a pas voulu lui donner après qu'elle se soit refusée à son baiser trop soudain. Elle est tout et son contraire parce qu'elle se cherche, perdue dans le brouillard épais qui continue d'entourer le Montrose malgré ses mots plus violents que n'importe quelle gifle. Marianne, mais qu'est-ce que tu fais Marianne. La sorcière ne sait plus trop où mettre ses barrières, où les avancer, où les reculer. Elle a égaré ses repères et avance un peu à l'aveugle. Jamais elle ne se serait retrouvée sur les genoux d'Emile si ça n'avait été pour cette absence d'identité qui la frappait depuis deux semaines. Une cause perdue ça ressemblait à quoi ? Ça vivait comment une cause perdue ? Elle est toute fragile, maintenant. Elle a besoin de quelqu'un pour garder la tête hors du chagrin qui la noie et lui fait boire la tasse un peu plus chaque matin que Merlin fait. Le voir au sénat, c'est perdre un petit peu plus pieds dans cet océan d'incertitude mais c'est aussi nourrir le grain d'espoir qui lui reste. Les mots, ça reste des mots. On les dit pas toujours comme il faut, quand on le veut, à qui ils sont destinés. Alors peut-être (peut-être) que Basile était allé trop loin et que la claque qu'elle avait prise était plus maladroite que souhaitée. Elle espère Marianne, autant qu'elle perd espoir plus le temps avance.

Alors elle regarde là-haut, là où ses parents n'étaient certainement pas : ils avaient été avalés par l'océan juste à côté, plus bas. Elle regarde loin. Elle respire l'air marin qui pousse les nuages vers les terres pour dégager doucement le ciel. Elle observe les oiseaux qui planent dans des figures régulières au grès des courants qu'eux seuls pouvaient sentir. Elle se perd un peu dans les hauteurs des cieux, les yeux qui se remplissent de larmes bien vite ravalées quand son esprit revient lui frapper les tempes avec les mots de Basile. Arrête d'y penser, Marianne qu'elle essaie de se dire. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Oui, mais il fait toujours froid. C'est Emile qui la ramène sur terre, sur le rocher, sur ses cuisses. Elle redescend ses yeux sur lui, trop doux, trop gentil. Ses propres prunelles un peu abîmées d'avoir retenues des larmes : ça la touche qu'il ose le lui montrer. C'est pas tous les hommes qui le feraient, elle est bien placée pour le savoir maintenant. Tu frissonnais tout à l'heure. On rentre prendre une bonne tasse de thé ? Ça réchauffe les coeurs, ça, que ma mère disait. Un petit sourire vient chasser une pincée de chagrin. Pas grand chose, mais ce serait bête de penser que tout irait bien d'un coup. Que ça prendrait pas du temps pour aller mieux après tout ce qu'il s'était passé. À côté en plus il y avait cette histoire de photos, puis la vision de Pimprenelle. Il lui en faudrait plus pour être profondément elle-même à nouveau. C'était un ascenseur émotionnel constant sa vie depuis le 30 novembre : elle avait de grands hauts qui finissaient toujours par brutalement retomber vers un bas constant. C'était si fatigant pour la voyante, de marcher sur des oeufs même avec elle-même. Marianne se contente de secouer la tête, la gorge un peu nouée. Elle a envie de rester encore un peu là en fait, malgré le froid et les frissons. J'peux t'inviter à mon auberge, mais faudra vraiment rien dire à Eugène, il va y croire moyen qu'on a bu du thé dans mon lit. Son rire vient se mêler à celui du sorcier sans voir les sous-entendus lascifs, juste le secret à garder. Elle n'avait pas la tête à réfléchir et s'enveloppait d'une naïveté encore plus poussée qu'a l'ordinaire. Et secrètement, même si je ne veux pas m'imposer, je meurs d'envie de découvrir ton petit havre. J'te montrerais mon lit demain, en échange. Enfin, ma chambre, mais y'a surtout qu'un lit qui prend la plupart de la pièce. Mais le petit coin lecture et la jolie vue, t'aimeras bien je crois. Elle y voit que du feu Marianne. Elle y voit rien, aveuglée par la mélancolie de ces deux dernières semaines, par sa confiance accrue pour Emile qui vient de lui donner un bout de lui. Comment est-ce qu'elle pourrait être méfiante avec lui ? Ce serait impossible, pas Emile.

Alors elle sourit un peu plus franchement en venant libérer sa nuque d'une main pour jouer avec une mèche plus bouclée que les autres du sorcier qui lui faisait de l'oeil depuis un moment près de son front. Elle dit rien d'abord, fait mine de peser le pour et le contre mais se perd rapidement dans ses pensées. Son regard qui se balade sur le visage d'Emile, de la petite boucle à ses pupilles brunes en passant par ses lèvres sur lesquelles elle s'attarde un instant sans trop savoir pourquoi. Entre une auberge et chez moi, je préfère qu'on aille prendre le thé dans mon salon. qu'elle finit par dire en laissant glisser sa main le long de sa joue, sa nuque, pour s'arrêter sur son épaule. Surtout si tu "meurs d'envie de découvrir mon petit havre", n'est-ce pas ? vient-elle se moquer, joueuse, espiègle à souhaits. Elle imite le ton qu'il avait pris sans vraiment y parvenir ce qui la fait rire, suffisamment brillante pour aimer l'auto-dérision aussi. Elle lui avait promis de parler de choses plus légères, de pas se morfondre, de plus être triste. Emile n'avait pas besoin que Marianne vienne alourdir ses épaules déjà ployées par ce qui semblait le bousculer. Il n'avait pas besoin qu'elle pleure elle aussi dans ses bras, chacun son tour. Mais c'est plus fort qu'elle. Le seul autre homme qu'elle avait innocemment emmené dans cette maison c'était Basile y'a maintenant une éternité le temps d'une journée d'été. Et même si elle était très heureuse de pouvoir passer un petit peu de temps avec Emile, ça venait de la frapper d'un coup. Cette similitude pourtant à des années de lumière. Tellement improbable. Ses lèvres s'entrouvrent pour dire quelque chose, mais elle se ravise le regard un peu voilé. Les doigts un peu moins forts dans la nuque d'Emile qu'elle ne tient plus trop. Elle a envie de tout lui raconter. À lui. Pas à Pimprenelle, pas à Olympe, pas à Tiphanie, Marie ou Juliette. À lui, parce qu'il saurait la comprendre avec son coeur brisé aussi et qu'elle lui devait bien ça après son moment de faiblesse qu'il lui avait offert sans crier garde. Emile... qu'elle commence tout doucement, l'impression de sentir son coeur battre contre ses lèvres, qu'il va lui échapper. Quelque part ça lui parait être une bonne solution ça, de le jeter par la fenêtre pour qu'il ne lui fasse plus mal. J'ai mal au coeur.  Et le réchauffer ça suffira pas. Le thé ça suffira pas. Ça fait deux semaines que je dors pas. Et pendant encore combien de temps devrait-elle garder les yeux ouverts de peur d'entendre encore sa voix au creux de ses paupières ? Il a dit que j'étais une cause perdue. Que ce qui était brisé pouvait pas être réparé. Que ça servait à rien. Elle lui donne pas de contexte et pas de nom parce qu'elle n'y pense tout simplement pas. Elle pourrait le lui dire, s'il le lui demandait. Mais elle est trop occupée à retenir les petites larmes qui frappent aux portes de ses cils. Trop occupée à se raccrocher à Emile, serrer ses cuisses contre les siennes, maintenir sa main derrière sa nuque pour le rapprocher un petit peu plus, faire remonter l'autre sur sa joue. Marianne le regarde sans un mot, le coeur noué la gorge aussi. Elle en a déjà trop dit et en même temps pas assez. T'y crois toi ? Bien sûr que non. Mais elle avait besoin de l'entendre.

15 décembre 1927
Marianne parle en ffcc66
Sa robe : ici.
Son manteau : ici.


๑  A VAINCRE SANS PERIL ON TRIOMPHE SANS GLOIRE ๑



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✧ Parchemin envoyé Lun 7 Jan - 23:42 ✧




Oh, how the mighty falls
How the mighty falls in love
Elle t'offre le spectacle de sa gorge tendue, prête à ce que t'y mettre les lèvres, que tu y fasse courir tes dents, que t'arraches le boutons de cette jolie robe pour dévoiler trop de peau pour être raisonnable. Pourtant, t'en as vu beaucoup, de la peau de Marianne, à la dérobée, des petits bouts d'elle que t'avais gardé dans tes poches comme un gros taré. Patient sociopathe qui attend qu'elle lui cède du terrain, qui ronge le bord de ses limites en l'entraînant à califourchon sur tes cuisses, en jouant avec la queue de tes propres démons. Testant tes propres limites, tes envies parasites de la dévorée. Sauf qu'il fallait être patient. Elle n'était pas prête. Pas assez désespérée encore. Peut-être que s'il mourrait, son mignon, peut-être qu'elle se jetterait dans tes bras, viendrais perdre son corps au tiens plus rageusement qu'en ses instants tendres où elle écorche ta ténacité. Par tristesse ou par la vent froid qui lui mord les globes oculaires, ses grands yeux sont larmoyants, comme tu l'aimes. Tu pourrais lui faire mal. Lui faire plus mal pour la faire pleurer d'avantage. Serrer ses cuisses, sous tes mains, jusqu'à ce qu'elle rougissement, jusqu'à ce que Marianne gémisse. Jusqu'à ce que Marianne ne déteste pas ça. Sauf que t'avais trop peur de la perdre pour lui faire le moindre mal, sinon la serrer trop fort, assez fort pour que son souffle ce coup un peu. T'avais hâte à ce jour ou elle serait à toi, ou tu pourrais jouer avec les limites de son corps, à faire des oeuvres d'art en ecchymoses sur sa peau.

Elle joue dans tes cheveux pendant que tu penses à toi ça. Encore trop gamine pour comprendre tout le mal en toi. Tu les vois, ses yeux, qui quittent les tiens, qui regardent trop bas, qui t'obligent à lutter contre l'envie d'attraper rageusement ses lèvres, de t'emporter, de la renverser sur la plage, de jouer cruellement sous sa petite robe rouge. Arrête, Marianne. Que ça gronde en toi. Tu vas le regretter. Que ça promet quand tu serres ta mâchoire. Puis comme ça, elle cède à tes désirs. T'ouvres sa porte, te permets d'entrer dans son intimité, loin, isolés comme vous ne l'avez pas beaucoup étés, tout les deux. Toujours en public, toujours un membre de la famille ou quelqu'un de trop dans les parages. Pas maintenant. Pas, bientôt. Et la dernière fois que vous avez étés aussi seuls, c'était cette première fois ou vos lèvres s'étaient percutées. Ou, sous ta fièvre dévorante, Marianne avait dû se dérober. T'avais été tellement compréhensif. T'avais compris, que c'était trop tôt. T'avais compris, que ce devait être elle, qui s'enflamme et toi qui la regarde se consumer. Parfait. Tu serais patient. Comme tu l'étais alors qu'elle te caressais. Sa main sur ta joue, ta nuque, ton épaule. C'était loin d'être désagréable. Loin d'être raisonnable. Ça tombe bien, tu n'es pas un garçon raisonnable. Elle rigole, se fout de ta gueule, tente de t'imiter et tu faire briller tes canines en lui souriant tout aussi adorablement en retour, jusqu'à ce que le bonheur se fane, ses mains plus molles contre toi.

Merde, qu'est-ce que t'as fait. Ça s’affole un peu en toi quand elle appelle ton nom. Tu cherches ta faute, ton erreur. Est-ce que t'as trop caresser sa cuisse, dans un geste innocent, peut-être. C'était trop haut, trop sous la jupe à son goût. Et comme ça, elle te montre ses blessures, Marianne. Le trou qu'on a fait dans sa poitrine, juste assez grand pour que t'y prennes ta place, que t'y glisses sans qu'elle ne s'en rende compte. Tu mords doucement tes lèvres quand elle avoue que le thé ne sera pas suffisant à réchauffer son coeur. Tu connais un autre moyen. Tu connais toujours un autre moyen. Elle t'en montres d'avantage. Te fais trop confiance, parce que toi, t'as été vulnérable en premier, parce qu'elle a rien à craindre. Ça grogne un peu en toi quand t'entend les mots que le petit con lui a dit. Quand elle serre ses cuisses autour des tiennes, qu'elle s'accroche à toi, de plus belle. Et toi aussi. Tes deux mains qui vont sur ses joues, qui la gardent là, entre tes doigts, là ou elle ne peux pas fuir. D'au loin, vous ressemblez à des amoureux sur le point de s'embrasser.

« C'est lui, la cause perdue, Marianne. C'est lui qui a pas assez de couilles pour réparer ce qui est brisé. Lui, qui sert à rien. Perds pas ton temps avec des gamins qui ne se donnent même pas la peine. Tu mérites qu'on te traite comme une reine, rien de moins. Okay ?  » Que tu lui souffles. T'es pas un motivateur. Simplement un gourou qui veut son adoration, qu'elle répare son petit coeur et qu'elle te le donne pour que tu l'avales, pas tout rond. Bouchée par bouchée. Tu savourais.« J'ai fait la même chose, Marianne. Faut pas laisser son coeur à quelqu'un qui ne sait que le détruire. Si tu m'en donnes un petit bout, j'te promet que j'en prendrais soin.  » Que tu lui souffles, la dernière phrase plus bas. Pas vraiment une demande. Juste quelque chose de poétique, parce que t'en as déjà, un petit bout, tu l'as volé. Les efforts que tu fais sont surhumains. Pourquoi t'as autant envie de l'embrasser ?



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✧ Parchemin envoyé Mar 8 Jan - 2:54 ✧


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Elle y arrive pas. Elle essaye, mais elle y arrive pas. Marianne lui avait pourtant dit qu'ils parleraient de choses légères, elle lui avait pointé le ciel bleu du bout du menton comme pour lui montrer que malgré l'hiver, y'avait toujours de l'espoir. Celui de voir le soleil, même juste deux minutes, celui de voir le bleu qu'il y avait derrière le gris. Il se cachait le bleu, c'est tout. Mais il était toujours là. Un peu comme l'espoir qui se faisait bien discret quand tout tournait mal, il fallait le chercher lui aussi pour le voir. Il fallait souffler, comme le vent, respirer, prendre du recul. Puis il apparaissait plus clair que jamais : il revenait toujours le ciel bleu. Il disparaissait pas vraiment, c'était qu'une ruse pour qu'il nous manque et qu'on se languisse de l'époque où on avait été assez bête pour l'avoir sans le chérir. Il se faisait désirer pour qu'on s'y accroche encore plus fort la prochaine fois qu'on serait sur le point de le perdre. Stupidement. Parce que c'était toujours comme des idiots qu'on le laissait filer, qu'il nous glissait d'entre les doigts : il suffisait parfois d'une phrase, de deux, de trois pour qu'à la place de l'espoir siège un vide parfaitement glacial. Un vide dans lequel il était facile alors de se laisser tomber, et la chute n'avait pas de fin. Celle-ci n'était ni brutale, ni soudaine, elle avait les mains des femmes les plus jolies et les souffles des hommes les plus forts. Elle avait le coeur lascif d'un amour de jeunesse et la chaleur rassurante de draps malmenés : on y était bien, dans la chute. On oubliait un petit peu ce qu'il y avait là-haut, que tout là-bas le vent soufflerait un jour pour laisser passer le ciel bleu. Marianne elle était tout juste au bord, les talons qui tanguent, le menton vers le ciel et le bout de la robe qui tire vers le bas. Elle n'appartenait ni à la surface, ni aux abysses : elle s'était perdue entre les deux. Le matin, elle allait bien jusqu'à ce que ses pas la trainent devant son bureau qu'elle n'osait pas regarder. Le soir, elle allait mal, jusqu'à ce qu'elle s'endorme d'une nuit sans sommeil. Entre les deux, c'était le flou total. Ça ressemblait à Paris le matin en décembre, quand la brume est si dense qu'on voit à peine le trottoir d'en face. Alors on trébuche sur les pavés, et Marianne elle trébuche tout le temps.

Elle en a marre. Du ciel qui se cache, du vide trop séduisant, des pavés qui la font tomber à genoux tous les jours depuis le trente novembre. Et elle se rappelle de la date comme s'il s'agissait d'un évènement plus qu'important. Ça l'était non ? Le premier jour du reste de sa vie. Y'aurait un avant, et un après ce jour. Maintenant que Basile avait mis des mots sur ce qu'il ressentait, maintenant qu'il avait été clair. Marianne avait plus de raison de se battre, plus la force de le faire mais encore le coeur à l'oeuvre. Il n'est pas d'accord, le monsieur dans sa poitrine avec la dame entre ses tempes. Elle lui dit Alors, arrête. d'une voix trop masculine. Il lui répond Mais comment ? d'un ton désespéré. Et elle soupire, las, J'en ai marre Marianne. cependant ça n'y fait rien parce qu'il persiste malgré les avertissements, malgré les explications. Moi aussi. Et la raison, elle ne comprend pas ce qu'il veut dire pas là, mais le coeur si. Il a toujours su.

Alors elle tremble, la petite sorcière sur les genoux d'Emile. Elle frémit comme la terre de Normandie y'a encore que neuf ans. Peut-être que des hommes avaient perdu la vie sur le rocher qui les retenait. Peut-être même que y'en avait dessous. Mais c'est pas ça qui la bouscule : c'est le conflit en dedans qu'elle maîtrise pas. De toute façon, elle maîtrise plus rien depuis trop longtemps. Et que le vide est tentant alors ! Que la chute est belle ! Y'a sa silhouette qui tangue encore un peu, y'a des mains qui viennent tirer sur sa robe pour la faire tomber plus vite. Plus loin. Mais y'en a d'autres qui lui attrapent doucement le visage et qui l'attachent sur cette plage, ici, maintenant. Comme un ancre en plein naufrage. Marianne remonte alors ses yeux plein de larmes vers ceux d'Emile avec la fébrilité d'une âme à vif, y'a des courages qui filent d'entre ses cils pour venir mourir sur les phalanges du sorcier. Elle voudrait s'en excuser. C'est lui, la cause perdue, Marianne. Pourquoi c'était pas lui qui baissait la tête quand elle le croisait dans les couloirs alors. Pourquoi c'était pas lui qui partait plus tôt le soir de pour ne pas passer une minute de plus en face de son bourreau ? Elle se trompe, Marianne. Son bourreau c'est pas lui. C'est celui qui la tient là maintenant, qui la travaille au corps depuis des années pour qu'elle soit bien mûre quand il viendra y planter ses crocs d'affamé. C'est lui qui a pas assez de couilles pour réparer ce qui est brisé. Lui, qui sert à rien. Il est cru tout à coup Emile, presque en colère. Elle le voit pas, la voyante elle est aveuglée par ses belles paroles. Elle les boit même à s'en rendre malade. Perds pas ton temps avec des gamins qui ne se donnent même pas la peine. Tu mérites qu'on te traite comme une reine, rien de moins. Okay ? Il sait quoi dire, comme toujours. Il lui siffle à l'oreille qu'elle est une reine, sans qu'elle ne sache de quel royaume. Marianne n'a pas de couronne. Pas de palais. Pas de sujets. Si c'est la reine, alors c'est la reine des connes. Petite idiote, qui se jette dans la gueule du loup mais qui fuit le chasseur. La bête, elle souffle trop près de ses lèvres qui demandent qu'à être bouffées. Et la proie, elle se débat même pas alors qu'on la traine vers l'abattoir. Marianne est pendue à ses lèvres, elle l'écoute le coeur ouvert et les morceaux qui se mélangent parce qu'Emile vient jouer dedans. J'ai fait la même chose, Marianne. Son prénom, comme un frisson. Faut pas laisser son coeur à quelqu'un qui ne sait que le détruire. La sorcière baisse alors les yeux. Il a raison et c'est trop douloureux de regarder la vérité en face. À Basile, elle lui avait livré son coeur sur un plateau. Parce que ça compte. Pour moi. qu'elle lui avait murmuré avec l'obscurité comme témoin. Tout ce que je sais c’est que t'es pas personne Basile. T'es pas personne, alors qu'Emile lui avait dit qu'il n'était rien. Elle ne sait plus qui croire : le coeur qui s'était exprimé ce soir là, ou le sorcier qui lui glissait la vérité au creux des oreilles. Si tu m'en donnes un petit bout, j'te promet que j'en prendrais soin. Les yeux baissés, elle l'entend enfin lui souffler ce à quoi elle ne s'attendait pas.

Marianne ne lève pas les yeux. Pas tout de suite. Y'a son coeur qui s'emballe un peu et les morceaux dedans qui dansent, se cognent les uns aux autres dans une mélodie douloureuse. Y'a son ventre qui se tord un brin aussi, qui s'affame. Lui donner un bout de son coeur. Quelle drôle d'idée. Comment ferait-elle pour le réparer après, si au puzzle il manquait une pièce. Même si c'était juste un coin, il lui manquerait quelque chose et pire que d'être perdue y'avait être incomplète. Pourtant, elle y pense. Elle se demande même s'il ne l'a pas déjà ce morceau. Est-ce qu'il avait pris avec lui un bout d'elle la dernière fois quand il l'avait embrassé trop tôt, trop fort, trop soudainement ? Est-ce que ça voulait dire que Basile aussi, il avait voulu une pièce de son puzzle dans les archives ? Elle est surprise. Elle est perdue. Elle est trop de choses à la fois. Et les mains d'Emile qui l'avaient rattrapées avant qu'elle ne tombe semblent vouloir la faire chuter à présent. Et au bord du vide, elle oscille. Elle oscille, elle oscille, elle oscille et elle tombe. Quand elle remonte ses yeux vers lui c'est que pour s'attarder sur le morceau de coeur qu'il veut lui prendre, qu'elle semble vouloir déposer sur ses lèvres du bout des siennes. Elle s'approche, la sorcière, mais son visage dérive un peu comme ses pensées qui lui rappellent avec trop de vigueur que c'est pas ses lèvres à lui qu'elle est sur le point d'embrasser. Que celles qu'elle avait effleuré l'autre soir, elle les effleurera plus. Marianne vient finalement enfouir son visage dans le creux de son cou, alors que tout portait à croire qu'elle viendrait se perdre plutôt là-bas sur sa bouche. À la place, elle fait qu'embrasser furtivement son cou d'un baiser tout ce qu'il y a de plus chaste, mais affectueux. Marianne avait perdu le contrôle de sa vie, alors comment pouvait-elle contrôler le coeur qui battait dans sa poitrine ? Elle ne savait pas trop où est-ce qu'elle se tenait avec Emile, la seule constante c'était Basile. Toujours Basile. Encore Basile. Dans l'adversité plus que dans le reste. Dans la douleur, plus jamais dans l'inverse. Tu l'as déjà. Le morceau, mais pas celui qu'il lui avait demandé. Elle le serre un peu plus dans ses bras, y'a une part d'elle qui regrette de pas s'être échouée sur ses lèvres. De pas s'y être abandonnée, juste pour le plaisir de n'être plus rien qu'une bouche contre une autre. Juste pour se souvenir de ce que ça fait que d'être désirée et de désirer en retour. Mais la part, elle est trop petite. C'est pas l'océan dans lequel elle se noie depuis deux semaines. Ce serait facile, ce serait bien, oui. Evidemment. Mais est-ce que ce serait vraiment elle ? Ou est-ce que ça ne serait pas plutôt son ombre, rien que ça, sa silhouette sans le reste ? Y'a que toi qui en prend soin, tu sais. Basile il lui avait marché dessus. Il l'avait piétiné dans le noir pour qu'elle ne voit pas son visage, ou ses yeux. Et quelque part tant mieux : parce qu'elle ne ferait pas qu'entendre sa voix, elle serait hantée toute entière sinon.

15 décembre 1927
Marianne parle en ffcc66
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